Édito

L’année du Dragon, symbole de croissance, de créativité et de renouveau, fut féconde pour le Centre culturel vietnamien sur le plan de nos réalisations, de nos projets, de nos idées.

Les Semaines culturelles vietnamiennes continuent de refléter l’évolution de notre organisation et de ses aspirations. En 2024, un pas important a été franchi vers la jeunesse grâce à une initiative centrée sur la tendance musicale K-Pop, qui a permis d’attirer au Centre une nouvelle génération désireuse de mettre en lumière un aspect de la culture asiatique sur une note résolument contemporaine.

En parallèle, la soirée avec Flora Lê a permis de tisser un lien précieux avec la deuxième génération métissée née ici, en leur offrant des récits qui résonnent avec leur identité hybride.

Enfin, la participation d’artiste et d’écrivaine montréalaise d’origine cambodgienne marque un tournant significatif dans notre mission de rapprochement entre communautés. Ces rencontres illustrent une ouverture prometteuse, alors que les communautés vietnamienne, cambodgienne et laotienne, malgré leur proximité géographique et culturelle, ont souvent cohabité dans une certaine solitude, nourrie parfois par des préjugés liés à une méconnaissance historique.

Cette démarche , encore fragile, est essentielle pour tisser des liens durables entre nos histoires, nos générations et nos cultures.

Le documentaire «Du lotus à l’érable» que nous avons présenté au printemps dernier est bien plus qu’un projet ponctuel. Le film traduit une réflexion profonde menée par le Centre. Nous souhaitons inscrire la notion d’Histoire avec un grand H au cœur du récit, en privilégiant la parole d’historiens et d’experts afin d’offrir une analyse rigoureuse et contextualisée des événements. Ce choix découle de notre volonté de distancer des récits individuels, souvent marqués par une mémoire sélective, qui bien que précieux, ne suffisent pas à représenter l’histoire d’un pays dans toute sa complexité. Le documentaire invite le public à découvrir des perspectives éclairantes, qui vont au-delà des témoignages, pour embrasser une compréhension collective et nuancée de notre passé.

L’année du Serpent qui commence, est symbolisée par la sagesse, le discernement, l’intuition et l’indépendance.

2025 sera marqué par le 50e anniversaire de la fin de la guerre du Vietnam et le début d’un tragique exode durant plus d’une décennie. Ce chapitre d’histoire sera commémoré par la majorité des organismes vietnamiens.

Après mûre réflexion, nous avons décidé que Les Semaines culturelles 2025 seront l’occasion de montrer que la communauté vietnamienne a bien plus à offrir et à raconter que l’histoire des Boat People. Le Vietnam, riche de son patrimoine culturel, s’était permis de vibrer aux rythmes d’ailleurs, de l’Europe aux Amériques, bien avant et bien au-delà de la guerre. Ces années, souvent réduites à la tragédie et aux migrations, avaient aussi été, en sortant de l’ère féodale, une période d’aspiration et de connexion avec le monde. Nous voulons dépasser le stade de la victimisation, en mettant en lumière la résilience et notre capacité à nous reconstruire. Cette résilience est un puissant outil pour survivre, pour avancer, pour rêver et pour se reconnecter avec le monde. Depuis trop longtemps, l’histoire et la culture vietnamiennes ont été enfermées dans les récits de la guerre, de l’exode et de l’exil. Il est temps de se libérer des postures figées, de partager un Vietnam vibrant et profond, et d’offrir aux jeunes générations l’envie de découvrir un héritage culturel qui transcende ces épreuves. »

Les septièmes Semaines culturelles vietnamiennes feront preuve d’audace et d’imagination puisque par la magie des arts et de la technologie, les spectateurs vivront ces instants à la fois au passé et au présent, au Québec et au Vietnam.

Mais auparavant, nous vous présenterons le documentaire A comme asiatique qui porte sur des stéréotypes négatifs, d’actes anti-asiatiques ou de xénophobie non pour les dénoncer mais pour encourager les victimes à adopter des attitudes et des mesures pro-actives afin de changer la situation de victime passive et inaudible à celle d’actrice ou acteur de changement.

 

Nguyen Kim Phuong,
fondatrice et présidente

Un projet culturel, social et patrimonial